Un détour imprévu me mena à une frontière régionale, signalée par une borne taillée en pierre bleue, l’intense beauté des armoiries
qui s’y trouvaient gravées me saisi. Leurs reliefs étaient délicatement recouverts de laques de couleurs vives.
Une chance pour l’Autriche
Je me plongeai dès lors sans vergogne dans le détournement de cette expérience d’élévation esthétique à des fins purement égoïstes –
je m’inspirai en effet largement de cette borne pour réaliser les sculptures d’une exposition en Autriche (à noter que celle-ci devait
prendre place en un lieu retiré du monde de l’art et à proximité d’une place de pétanque, chose ô combien rare en dehors de la France).
Je reçu alors un appel téléphonique révélant le plus curieux hasard : en raison du grand succès d’une exposition qui déclinait le drapeau
tricolore belge ( !!!) à l’occasion du 21 juillet 2006, une réédition de l’événement était prévue pour 2007, avec une nouvelle sélection
d’artistes contemporains. On me demandait si je désirais y participer. L’invitation officielle à y prendre part suivi deux jours
plus tard. En réalité, depuis longtemps déjà, je voulais vendre du vin autrichien à la galerie organisatrice de l’événement, et je vis
là une chance réelle de rencontrer le succès dans cette entreprise. Comme de coutume, il n’y avait pas de budget disponible pour la
production d’une œuvre d’art ; il fallait par conséquent le produire. La solution allait de soi : la galerie me commandait du vin
autrichien et recevait pour l’exposition une facture peinte à l’huile, sur toile. Le fond rouge « drapeau » de l’œuvre était recouvert
d’une couche de couleur jaune qui rendait la toile vivante et chatoyante ; les chiffres et les lettres des détails légaux de la facture
la ponctuaient de touches noires et riches de contrastes, alla prima.