Jacques Lennep

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Jacques Lennep

L’utilisation des couleurs nationales a été, pour moi, une manière de marquer, avec une certaine ironie, l’origine de l’œuvre, sa spécificité, puisqu’on parle parfois d’un certain art belge, voire d’une belgitude. Ainsi, en 1975, j’ai invité par affiches la population d’Assenede à uriner dans la « Fontaine » de Duchamp, remise dans le bon sens (fonctionnel) pour la circonstance. L’affiche était bordée des couleurs nationales pour officialiser cette démarche, ce qui m’a valu certains déboires

Plus récemment, les trois couleurs m’ont inspiré deux vidéos. L’une « Tombeau pour M. B. » me montre effaçant ces couleurs du « Fémur d’homme belge », œuvre célèbre de Broodthaers, puis enterrant l’ossement sur le champ de bataille de Waterloo. On peut y voir une allusion au séparatisme qui menace la Belgique, mais aussi à cette mondialisation/ standardisation de l’art qui perd de plus en plus son identité. L’autre vidéo, « 14-18. Peintures d’histoire », évoque les morts pour la patrie de la Première guerre mondiale, soulevant notamment la question du patriotisme et du sens que ce moment tragique dans l’histoire du pays peut encore avoir par rapport à sa situation actuelle et à son devenir éventuel.


Dessin quotidien du 21 juillet, 2000

Collection privée